Vis ma vie de consultant – Pascale
PRÉSENTATION
Pour commencer cette interview, est-ce que tu pourrais te présenter à nos lecteurs en quelques mots ?
Je suis Pascale, je travaille dans le conseil depuis 1995 à peu près, donc ça fait un petit bout de temps que je suis dans ce secteur. Au début, ce n’était pas forcément un choix de devenir consultante mais ce domaine m’intéresse et je pense que je suis faite pour ça. Au départ, je travaillais dans l’IT et dans le contrôle de gestion sur des postes fixes, mais après deux ans, je trouvais que c’était toujours la même chose, donc j’ai décidé de changer complètement de domaine.
Est-ce que tu pourrais nous présenter ton parcours et ton évolution vers le monde du conseil et ce qui fait que ce domaine te plaît toujours autant après plus de 25 ans ?
Lorsque j’étais dans le secteur de l’IT, ce qui me plaisait le plus était de rencontrer des métiers et finalement d’être là en tant que facilitateur, se demander quelles sont les meilleures solutions pour les personnes concernées au bon moment. Petit à petit, j’ai voulu aller plus loin et comprendre, c’est comme ça que j’ai avancé dans le reporting et l’analytique puis la finance, ce que je retrouve aujourd’hui dans le conseil. Dans la finance, ce qui me plaît le plus c’est qu’elle est essentielle, et ce quel que soit le secteur. Donc, il est possible de travailler avec beaucoup de sociétés complètement différentes, de pays différents, mais il y aura toujours de la finance partout. Il y aura quand même des façons de travailler, des personnes et des process différents. Dans tous les cas, la finance reste toujours au cœur de la société, que ce soit dans le privé ou dans le public. Donc, le consultant « finance » reste au cœur de l’entreprise, et c’est ça qui est intéressant.
MISSIONS ACTUELLES
Quelles sont tes missions actuelles chez Viggo ?
Je suis sur un projet de mise en place d’un core model finance pour toutes les filiales internationales d’un grand groupe de retail français. Chaque filiale est relativement indépendante, ils ont les mêmes outils mais avec des utilisations et des façons de travailler différentes. Par exemple, en comptabilité, ils utilisent le même outil mais avec des clés comptables de structures différentes. Le but est d’avoir un core model qui permet d’avoir des pratiques communes à tous les pays assurant une consolidation efficace. Je suis en charge de la construction des solutions E2P, de la collecte de la facture jusqu’au paiement.
Qu’est-ce qui te plaît dans cette mission et dans l’amélioration de cet outil global ?
Mon rôle dans ce projet est celui de Business Process Manager. L’ambition est de construire la solution globale selon les besoins métiers, avec les Key Users et le Business Process Owner, puis de la valider techniquement avec les Product Experts et les Architectes avant de la présenter opérationnellement aux utilisateurs. On retrouve donc le côté métier que j’apprécie, en allant sur le terrain pour délivrer la solution.
Est-ce qu’il y a des difficultés qui peuvent intervenir dans les projets, que tu rencontres assez régulièrement, et comment arrives-tu à les surmonter ?
Sur le projet actuel, la plus grosse difficulté réside dans le nombre d’interlocuteurs, le nombre de réunions avec trop de personnes sans forcément prendre de décisions. Pour moi, la principale difficulté ce sont les matrices RACI. Qui fait quoi ? Qui est responsable de quoi ? Ce n’est pas toujours évident d’abord de la construire, de la communiquer et de la respecter. Il y a toujours certaines personnes qui ont un avis là où elles n’ont rien à dire. Ce n’est pas forcément mauvais mais ça complexifie les processus de décision. Parfois, au contraire, il faut vraiment décider et personne ne parvient à le faire car il y a une sorte de flou artistique entre les différents domaines et cela peut devenir la panique..
Pour résoudre ces problèmes, il y a beaucoup de feeling, mais on peut aussi revoir tous les RACI, c’est ce que je viens de demander sur mon dernier projet. Parfois, on me demande de réaliser certaines choses qui sortent du cadre de la mission et je réponds que ce n’est pas à moi de le faire (selon le RACI du projet). Il faut savoir dire que ce n’est pas sa responsabilité. C’est le plus difficile dans les projets, surtout quand tu as de l’expérience car tout le monde se tourne vers toi.
L’AVENTURE VIGGO
Tu es co-fondatrice de l’entreprise et tu fais partie de l’équipe managériale. Qu’est-ce qui t’a poussé à faire partie de l’aventure Viggo en tant que manager ?
Quand j’ai commencé le conseil, il était difficile de changer de mission tant que le client était content. L’état d’esprit était qu’un bon consultant est celui qu’on ne voit pas. J’ai donc décidé de changer et de rentrer chez Oracle, qui voulait augmenter sa division Conseil. Là-bas il y avait une certaine liberté, mais à un moment, ils ont voulu arrêter cela et ils sont repartis sur une mentalité où le consultant doit être staffé et c’est tout. Il y avait une pression énorme et c’était devenu insupportable, donc je suis partie.
Pour moi, un consultant doit avoir de l’expérience, donc être senior sur certains sujets, tout en ayant la curiosité nécessaire pour se former sur de nouveaux sujets dans lesquels il est « neuf ». C’est ce qui fait Viggo, et c’est pour ça que l’aventure Viggo a été importante pour moi, car nous avons nos propres expertises mais restons ouverts à de nouvelles possibilités. On a parlé de la Belgique, de l’hyperagilité, d’autres façons d’essayer de s’ouvrir et surtout de ne pas faire que du conseil. Nous n’allons pas gagner des tonnes d’argent, ce n’est pas l’objectif, mais c’est vraiment se dire « Ayons un peu de fun ». D’où notre veille sur l’innovation et sur des partenaires différents.
Au début de la création de Viggo, à quoi ressemblaient tes journées de travail, notamment dans la construction de l’entreprise et la recherche des premiers clients ?
C’est allé vite car j’ai rejoint Viggo en septembre et j’ai commencé ma première mission en décembre, donc nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour faire autre chose. Au début, ce que j’ai beaucoup aimé, c’est ce que nous avions fait avec Christian autour des valeurs notamment. Qu’est-ce qu’on veut mettre en avant ? C’est quoi notre identité ? C’est ce que je voudrais faire dans le groupe RSE finalement. Nous avons aussi travaillé sur la façon de fonctionner et nos responsabilités. Par exemple, chaque employé n’a pas un seul manager mais plutôt une équipe. Ensuite, en parallèle, il fallait quand même commencer à travailler sur nos autres projets et missions.
Nous avons aussi voulu travailler sur le recrutement de personnes différentes, en se disant que nous ne prendrions pas que des consultants, que nous prendrions des gens de profils différents. C’est assez difficile, nous n’avons pas forcément réussi, nous n’étions pas assez prêts à les aider à monter sur le métier du conseil, nous avions trop de choses auxquelles penser.
Tu l’as évoqué juste avant mais tu es impliquée dans le groupe RSE de l’entreprise. De quelle manière Viggo souhaite se positionner dans une démarche RSE ?
La RSE a toujours été présente, dès le début chez Viggo. Cela fait un moment que je porte le sujet, et je trouve que c’est évident. Ce n’est même pas juste une ambition de dire que nous sommes RSE ou pas. C’est un critère de choix pour les consultants, pour les clients et les fournisseurs, donc je pense que c’est indiscutable qu’il faut que l’on travaille dessus.
Il faut aussi que nous choisissions nos clients là-dessus, donc être capable d’en refuser et là c’est compliqué, cela fait partie des discussions managériales. Mais je trouve que c’est important, il faut que nous soyons cohérents avec nous-mêmes. Nous ne pouvons pas dire que nos valeurs sont le sens du service et la bienveillance mais oublier la RSE. C’est évident que non, nous pouvons prendre des actions concrètes. Par exemple, je vais prendre l’avion et j’aimerai bien qu’on le compense peut-être en mettant des jours gratuits de conseil. Même si ça ne rapporte pas d’argent ou de client, ça nous permet d’être cohérents et nous nous devons de l’être.
FAST QUESTIONS
Si tu devais convaincre une personne d’exercer ton métier, qu’est-ce que tu lui dirais ?
Je dirai que c’est un métier qui te permet de rencontrer le maximum de personnes et d’apprendre, tu apprends tout le temps. Tant que tu as envie d’apprendre, fais ce métier.
Quel est ton meilleur souvenir chez Viggo ?
Je dirai peut-être quand nous avons fait l’inauguration des locaux, ou quand j’ai signé mon contrat, j’étais vraiment contente. L’aventure démarrait enfin, même si elle avait déjà un peu démarré, mais ça voulait dire « Ça y est, maintenant on y va ! ». C’est un super souvenir. Et concernant l’inauguration, nous étions assez fiers quand nous avons déménagé il y a 1 an et demi, parce qu’on avait passé le Covid notamment. C’était une décision que nous avons eu du mal à prendre, mais nous avions décidé d’être au moins 30-35 collaborateurs à Paris et donc d’investir dans des locaux, alors qu’au départ nous avions quelques doutes, donc là, oui, c’était une grande étape.
Qu’est-ce qui te plaît le plus avec ton équipe ?
Les réunions managériales qu’on a le vendredi matin, c’est un moment où on travaille, mais aussi où on échange. Le partage, c’est vraiment important. Il y a forcément des moments où nous ne sommes pas d’accord, c’est normal, nous avons des décisions à prendre, mais je trouve que c’est plutôt agréable. Dans l’ambiance générale, il y a pas mal de bienveillance des uns envers les autres, il y a peu de gens qui sont dans leur coin. Je sais que j’ai fait remarquer à certains qui étaient toujours dans leur coin qu’il fallait sortir de la coquille. C’est mon côté RSE, je sais que je suis un peu pénible, mais c’est de la bienveillance, ça compte. Mais je trouve que l’ambiance est plutôt zen en ce moment.
Est-ce qu’il y a un sujet que tu souhaitais évoquer avant de conclure cette interview ?
Il y a un sujet sur lequel il faut que nous travaillions tous ensemble, et pas uniquement les managers, c’est l’idée que Viggo soit un cabinet de conseil qui essaye d’être un peu différent, même si nous faisons toujours le même métier. C’est faire attention de rester à l’écoute sur l’innovation, sur des partenariats, sur d’autres idées. Et je pense que nous devons tous faire attention à cela, ne pas rester chacun dans sa mission.
Nous sommes une société qui est encore en construction, et elle doit le rester pour que nous puissions évoluer. Il est nécessaire que Viggo reste dans un esprit projet : le contexte évolue et nous devons nous adapter. Si Viggo ne le fait pas, nous aurons tout raté. Chaque recrutement est important et nous tous avons un « pouvoir » pour ajouter sa pierre à l’édifice. C’est tous ensemble que nous pourrons faire grandir Viggo, et c’est grâce à ce côté entrepreneurial que nous serons une société de conseil différente.